L’économie mondiale connaissait déjà à la fin de la dernière décennie des mutations structurelles profondes découlant de l’impératif environnemental et des rivalités géostratégiques, notamment entre la Chine et les États-Unis. C’est sur cette base que des perturbations majeures se sont succédé depuis 2020 : la pandémie de la Covid-19, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le retour des pressions inflationnistes. Des politiques économiques ont été mises en œuvre pour y répondre : soutien aux ménages et aux entreprises affectés par la pandémie et le retour de l’inflation, sanctions économiques et financières contre la Russie, resserrement synchrone des politiques monétaires. Un protectionnisme décomplexé est aussi de retour, mêlant considérations environnementales et industrielles, mais aussi des objectifs de sécurité nationale. Ces événements et ces politiques ont des effets indésirables sur les pays moins avancés : crise de la dette, montée de l’insécurité alimentaire.

Comprendre cet environnement complexe et instable est indispensable pour en mesurer les enjeux et adapter les politiques publiques. C’est la mission – essentielle – à laquelle contribue aujourd’hui le CEPII. Pour remplir au mieux cette mission, le CEPII s’est efforcé en 2022 d’approfondir l’analyse des thématiques sur lesquelles il travaille depuis déjà un certain temps : les transformations des chaînes de valeur, le rôle des multinationales dans la mondialisation, l’impact de la robotisation, les déséquilibres entre les économies de l’Union européenne, l’effet des migrations sur l’emploi et sur l’innovation dans les entreprises…. 

Le CEPII s’est également investi en 2022 sur d’autres thématiques, plus nouvelles pour lui, mais imposées par l’actualité : identification des dépendances commerciales, par exemple à certains minerais critiques, mesure du retour du protectionnisme et de ses conséquences, impact potentiel de l’Inflation Reduction Act et du mécanisme européen d’ajustement carbone à la frontière, évaluation de la zone de libre-échange continentale africaine, impact des migrations sur les opinions publiques...

Comme par le passé, ces travaux se sont appuyés en amont sur le développement d’outils d’analyse, en particulier des bases de données et des modèles. En aval, ils se concrétisent non seulement par des articles scientifiques et des documents de travail, mais aussi par des publications, des conférences et des interventions dans les médias, destinées à un public plus large. 

Dans ce monde incertain, la demande d’analyse économique est forte. Le rôle du CEPII est essentiel.

Jean Lemierre
Président du Conseil du CEPII